05/05/2025 reseauinternational.net  8min #276919

Rdc : Robert Kabakela : «La guerre révèle les fractures anciennes, notre devoir est d'y répondre avec des solutions nouvelles»

par Badylon Kawanda Bakiman

La République démocratique du Congo (RDC), un des pays d'Afrique centrale, évolue actuellement dans un contexte de guerre. Le gouvernement s'évertue à mener des actions aussi bien sur le plan diplomatique que militaire afin que la paix revienne et que le social de la population et la dynamisation des institutions aillent bon train. Contacté, Robert Kabakela Mulumba, coordonnateur Pays du Réseau des Défenseurs des Droits humains de l'Afrique centrale (REDHAC), Coalition RDC et un des leaders de la Société civile, répond aux questions de Réseau International.

Réseau International : Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs svp ?

Robert Kabakela Mulumba : Mon nom est Robert Kabakela Mulumba, coordonnateur national adjoint de la Nouvelle Société civile congolaise (NSCC) et coordonnateur Pays du Réseau des Défenseurs des Droits humains de l'Afrique centrale (REDHAC), Coalition RDC.

RI : En tant que l'un des leaders de la société civile, que pensez-vous concernant l'avenir de la République démocratique du Congo (RDC) dans un contexte de guerre ?

Robert Kabakela Mulumba : L'avenir de la République démocratique du Congo (RDC) passe par une refondation de nos institutions, par la lutte contre la corruption, l'injustice et l'impunité. La guerre révèle les fractures anciennes ; notre devoir est d'y répondre avec des solutions nouvelles, inclusives et durables.

Au-delà de nos différences ethniques, politiques religieuses ou sociales, nous devons nous rassembler autour de l'essentiel : la souveraineté, la dignité et la prospérité de notre nation. Le Congo survivra et se relèvera, parce que son peuple est plus fort que ses blessures.

La société civile doit devenir un acteur majeur de la résistance pacifique et de la transformation. Nous devons amplifier les voix des sans-voix, protéger les droits humains, soutenir les communautés affectées et proposer des alternatives concrètes pour la paix.

En tant que leader, je mesure le poids de ma responsabilité. Je dois incarner et promouvoir des valeurs de cohésion, de dignité humaine et de dialogue. La reconstruction de notre pays commencera d'abord dans les cœurs, dans la capacité de chacun à refuser la haine et la division.

RI : Il y a quelques jours l'Union africaine a désigné l'actuel président togolais Faure Gnasingbé comme nouveau médiateur dans le conflit sanglant dans l'Est du pays. Si vous aviez des conseils à prodiguer à ce nouveau médiateur, que diriez-vous lui dire ?

Robert Kabakela Mulumba : si cette occasion s'offrait à moi voici, voici quelques conseils que je peux partager avec le président Faure Gnassingbé pour guider sa médiation :

Il doit lors de sa médiation adopter une approche inclusive et impartiale c'est-à-dire, il doit prendre en compte toutes les parties prenantes du conflit : le gouvernement congolais, les groupes armés tels que le M23, les autorités rwandaises, ainsi que les représentants de la société civile et des communautés locales affectées. Cette approche inclusive favorisera une compréhension approfondie des enjeux et renforcera la légitimité du processus de paix.

Il doit s'assurer que la population civile dans les zones occupées dans la partie orientale du pays a accès aux organisations humanitaires afin de bénéficier d'une aide essentielle.

Le respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale de la RDC doit être une priorité. La médiation devrait s'assurer que toutes les parties reconnaissent et respectent ces principes fondamentaux, condition sine qua non pour une paix durable.

Il est important que la médiation s'aligne et coopère avec les processus de paix régionaux en cours, tels que ceux menés par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), de l'UA pour assurer une approche cohérente et renforcée.

Afin d'obtenir les ressources nécessaires à la mise en œuvre de des accords de paix, la médiation devrait solliciter le soutien de la communauté internationale et aussi pour exercer une pression diplomatique sur les parties récalcitrantes.

RI : Qu'attendez-vous du gouvernement d'union nationale annoncé par le président de la République ?

Robert Kabakela Mulumba : Le gouvernement d'union nationale annoncé par le président Félix Tshisekedi en mars 2025 suscite à la fois des espoirs et des interrogations. En tant que citoyen engagé, voici ce que je peux raisonnablement en attendre, en tenant compte du contexte actuel et des dynamiques politiques en cours.

J'attends voir ce gouvernement créer un front politique uni contre l'agression rwandaise et les exactions du M23/AFC dans l'Est du pays. L'objectif est de mobiliser toutes les forces politiques pour défendre l'intégrité territoriale de la RDC.

J'attends voir ce gouvernement d'union nationale contribuer à la réduction des tensions internes et favoriser un climat politique plus stable, propice à la mise en œuvre de réformes et à la gestion efficace des crises.

Le gouvernement d'union nationale a le potentiel de renforcer l'unité nationale et de relancer les réformes essentielles. Cependant, son succès dépendra de sa capacité à inclure véritablement toutes les forces politiques, à définir des priorités claires et à agir de manière transparente et efficace.

RI : Le gouvernement compte signer un contrat avec les USA pour l'exploitation des minerais. Qu'en pensez-vous ?

Robert Kabakela Mulumba : Le projet de contrat entre la République démocratique du Congo (RDC) et les États-Unis concernant l'exploitation des minerais suscite de nombreuses réflexions. En tant que leader congolais, nous pensons que ce contrat bien négocié, va permettre la diversification des partenaires économiques dans le secteur minier qui est actuellement dominé largement par des entreprises chinoises. Ainsi la EDC réduire sa dépendance envers un seul acteur et renforçant sa souveraineté économique.

Le partenariat pourrait inclure des investissements américains dans les infrastructures minières et logistiques, favorisant ainsi le développement économique et la création d'emplois locaux.

L'accord envisagé inclut une assistance sécuritaire des États-Unis pour aider la RDC à lutter contre les groupes armés, notamment le M23, soutenus par le Rwanda. Cette aide pourrait contribuer à stabiliser la région et à protéger les populations locales.

Notre crainte est de perdre le contrôle sur les ressources nationales si jamais ne on accordait un accès exclusif à des entreprises étrangères ce qui va compromettre la souveraineté de la RDC sur ses ressources naturelles. Il est crucial de veiller à ce que les termes de l'accord préservent les intérêts nationaux.

Nous pensons pour notre part que ce partenariat potentiel avec les États-Unis offre des opportunités significatives pour la RDC, notamment en matière de développement économique et de sécurité. Cependant, il est essentiel d'aborder ces négociations avec prudence, en veillant à ce que les intérêts nationaux soient au cœur de l'accord et que les leçons du passé soient prises en compte pour éviter les écueils précédents.

RI : Plus de 70 pour cent de la population congolaise vivent de l'agriculture. Selon vous, que peut faire le gouvernement pour améliorer ce secteur ?

Robert Kabakela Mulumba : afin d'améliorer ce secteur le gouvernement doit Investir massivement dans les infrastructures rurales, Construire et entretenir des routes rurales pour faciliter l'accès aux marchés.

Développer des systèmes d'irrigation pour réduire la dépendance aux pluies, électrifier les zones rurales pour stimuler l'agro-industrie locale, appuyer techniquement et financièrement les petits producteurs, créer des programmes de formation aux techniques agricoles modernes et durables, Fournir des semences améliorées, des outils, et de l'engrais à moindre coût.

Mettre en place des banques agricoles pour accorder des crédits accessibles aux paysans.

Organiser les producteurs en coopératives fortes pour mieux négocier les prix.

Valoriser les produits locaux (manioc, maïs, cacao, café, huile de palme...) en soutenant la transformation locale.

Réformer le droit foncier pour protéger les petits agriculteurs contre l'accaparement des terres, Assurer aux agriculteurs des titres de propriété clairs et reconnus.

Le gouvernement doit cesser de voir l'agriculture seulement comme un moyen de subsistance et la traiter comme un véritable moteur de développement. Investir dans l'agriculture, c'est investir dans l'emploi, la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la stabilité sociale en RDC. Ainsi il doit soutenir les universités et centres de recherche pour développer des solutions adaptées aux réalités locales (semences résistantes, bonnes pratiques culturales, lutte contre les maladies des plantes...).

RI : Quel est votre dernier mot ?

Robert Kabakela Mulumba : Tout en vous disant merci pour nous avoir donné cette opportunité de nous exprimer sur l'actualité de notre pays caractérisée par l'agression de la part d'un voisin expansionniste, nous tenons à renouveler notre solidarité avec nos compatriotes. Nous terminons en insistant sur le fait que, l'agriculture est l'épine dorsale de notre nation. C'est à travers ce secteur que la majorité de notre population trouve sa subsistance. Si nous voulons véritablement transformer notre pays, il est impératif de redonner à l'agriculture la place qu'elle mérite dans notre développement. En investissant dans l'amélioration des infrastructures, en offrant un soutien technique et financier aux agriculteurs, et en structurant les filières agricoles, nous pourrons non seulement renforcer l'économie, mais aussi offrir un avenir meilleur à nos compatriotes. Un avenir où chaque Congolais, qu'il soit paysan ou entrepreneur, trouvera sa place et sa prospérité.

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